Y a-t-il une guerre en Haïti ?

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Dans son discours du 1er janvier 2025, le Président du Conseil Présidentiel de Transition Leslie Voltaire, représentant du parti Fanmi Lavalas au sein de l’Exécutif au service des oligarques corrompus et des puissances impérialistes, a expliqué que le déclin actuel est dû à une prétendue guerre en cours dans le pays.

Dialectiquement, cette vérité contient un grand mensonge. Certes, Haïti est bel et bien en guerre et ce depuis la déclaration d’indépendance le 1er janvier 1804. Elle s’est illustrée avec le parricide du fondateur de la Nation Jean-Jacques Dessalines, le 17 octobre 1806. Une guerre permanente en somme, menée avec une subtilité classique et dont les dirigeants refusent d’accepter les dégâts qui ne font que s’aggraver davantage. L’objectif fondamental de cette guerre est de précipiter la décadence totale et complète du pays, par une déstabilisation à outrance, de manière à le paralyser par tous les moyens possibles et imaginables. Selon les protagonistes de cette guerre permanente, Haïti est un État à ignorer, à mépriser et à affaiblir jusqu’à sa plus simple expression. C’est à cette guerre criminelle et de plus en plus meurtrière que le peuple haïtien fait face quotidiennement depuis son accession à l’indépendance.

Cette guerre a conduit à la première occupation américaine du pays de 1915 à 1934 et au massacre de nombreux paysans, notamment les combattants Cacos. Une guerre dont les conséquences sur la classe ouvrière ainsi que la grande majorité de la population sont désastreuses. Elles souffrent du manque d’infrastructures de base : routes, électricité, eau potable, école publique, hôpitaux, ce qui entraîne une insécurité alimentaire dans les communautés rurales où les masses paysannes sont régulièrement victimes d’inondations et d’autres catastrophes naturelles.

Cette guerre destructrice se poursuit inlassablement sur le pays. D’ailleurs, c’est grâce à elle qu’aujourd’hui un Conseil Présidentiel de Transition est en place pour assurer la continuité de la déstabilisation  tout en faisant barrage à tout mouvement populaire pouvant renverser la structure corrompue de l’État. C’est grâce à elle que les puissances capitalistes dominantes ont fini par placer à la tête de l’État neuf charlatans pour mener leur politique d’exclusion au profit de l’élite privilégiée. De plus, les troupes policières ou militaires étrangères arrivant du Kenya, du Guatemala, de la Jamaïque, du Salvador, des Bahamas, du Belize doivent assurer la poursuite progressive de cette guerre tout en protégeant l’oligarchie haïtienne, la classe politique traditionnelle, particulièrement cette bande d’accapareurs et de voleurs actuellement au pouvoir.

Mais le vilain mensonge de Leslie Voltaire n’est pas ce à quoi il fait référence lorsqu’il déclare « À la guerre comme à la guerre ». Selon lui et ses complices, des Conseillers qui veulent se faire passer pour des femmes et des hommes de cœur, sensibles au sort du peuple, « C’est une guerre implacable qui continuera en 2025 contre les gangs qui sèment la mort, la terreur, le viol, le pillage et le trafic ignoble d’organes, victimisant une population paisible. » La guerre contre les gangs de Leslie Voltaire est une solution cosmétique pour maquiller le malheur du peuple et cacher les conséquences de la déstabilisation impérialiste. La réalité est qu’on ne peut pas guérir d’une maladie sans d’abord éliminer les sources ou les racines qui la produisent. Nous pouvons éliminer tous les gangs, comme nous l’avons fait dans le passé, mais la mauvaise gouvernance, les inégalités sociales et la pauvreté conduiront à leur multiplication rapide et excessive.

Par ailleurs, il y a cette flambée des prix qui étrangle la population, avec pour résultat une pauvreté qui s’étend, et la faim qui gagne de plus en plus du terrain. Comment remédier au mal de la domination de la bourgeoisie parasitaire qui pille l’État, organise la catastrophe sociale ? Aujourd’hui la justice, la police, l’Etat sont au service de qui ? Comment expliquer que des policiers puissent se livrer au trafic de munitions, au kidnapping pour survivre? Tandis que certains fonctionnaires de l’Etat, des magistrats se livrent eux aussi au détournement de fonds publics, au trafic d’influence, d’abus de confiance, pendant que la justice se vend au plus offrant. N’est-ce pas là l’évidence même du résultat d’une certaine politique inappropriée ?

L’insécurité n’est guère une fatalité, c’est l’arme des corrupteurs permettant aux membres de la classe politique, au nom des crises de se remplir les poches en exploitant toujours plus les misérables travailleurs. La vraie guerre contre le peuple est la politique délibérée des gouvernements passés et présents consistant à engraisser les riches, appauvrir et affamer encore plus les masses opprimées en les plongeant dans le dénuement et la misère la plus abjecte.

Quel pays au monde n’est pas confronté au phénomène des gangs? C’est un pur mensonge que de dire que les gangs sont responsables de l’inflation et de l’insécurité. Les vrais coupables sont les forces politiques et l’élite économique qui mènent depuis toujours une politique corruptrice de ruine du pays. Le symbolisme de la guerre contre les gangs auquel Leslie Voltaire fait référence est de jeter de la poudre aux yeux du peuple pour qu’il ne demande compte aux véritables dirigeants de l’État qui devraient assurer le développement et le progrès du pays alors que les Conseillers-Présidentiel ont eux-mêmes participé à la dilapidation des fonds publics.

La bourgeoisie haïtienne, sinon la classe politique traditionnelle, se défend âprement pour s’absoudre de toute responsabilité. Ce que les travailleurs, les jeunes et les paysans attendent des Conseillers Présidentiels qui prétendent agir en leur nom, ce n’est pas une déclaration de guerre aux gangs, qui ne sont que des victimes comme tous les autres citoyens d’une politique anti-peuple. C’est plutôt une action concrète qui assurera à chacun un salaire qui lui permette de vivre décemment, rompant une fois pour toutes avec toute politique de mendicité, de soumission, d’exploitation, de vol et de pillage impérialiste, source de misère, de pauvreté et de toutes formes de violence et d’insécurité.

La véritable guerre qui est conforme à la démocratie et aux besoins de la grande majorité de la population n’est pas la survie de la classe politique haïtienne, qui se fait au prix de la destruction de la classe ouvrière, victime de la famine, de la surexploitation, de la misère et des déplacements forcés. Mais celle contre les puissances impérialistes, afin que nous ayons un pays sans exploiteurs ni exploités et pour que chacun puisse bénéficier équitablement de sa part de la richesse.

Les solutions à nos problèmes ne viendront pas de ce système pourri qui ne nous réserve qu’un avenir de guerre et de misère. Organisons-nous pour nous libérer de la véritable guerre contre nos principaux ennemis, nos gouvernants qui sont à la solde des intérêts capitalistes et impérialistes. Oui, il existe une guerre véridique en Haïti, c’est celle de l’élite dirigeante richissime résolument dressée contre les masses oppressées et opprimées !

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