Transition politique en perspective, confusion et division dans l’opposition! (5)

(5e partie)

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Simon Dieuseul Desras

De l’ancien sénateur de la Grand’Anse, Sorel Jacinthe, qui reste ouvert à une rencontre avec le chef de l’Etat tout affirmant qu’il n’a pas été contacté par celui-ci à l’ensemble des dirigeants de partis formant la Direction politique de l’opposition démocratique (DIRPOD) dont Nènel Cassy, Kénol Mathieu et Génard Joseph, tous soutiennent qu’« Aucune négociation autour d’un quelconque accord n’est actuellement en discussion avec la présidence haïtienne. Aucun parti membre de DIRPOD n’a été contacté ni n’a pris part à une rencontre avec le Président de la République ». 

Dans une note à la presse, les leaders de la Direction politique de l’opposition soupçonnent l’élu PHTK, Jovenel Moïse, de vouloir « Induire la population en erreur en affirmant qu’il négocie depuis trois mois un projet d’accord avec l’opposition ». Sauf que, dans cette belle unanimité des radicaux pour démentir les déclarations du Président de la République, il y a ce que certains de l’opposition appellent ‘‘le coup de Desras’’. Après que l’ex-sénateur du Nord-Ouest, Evallière Beauplan eut confirmé qu’il avait eu un appel du Président Moïse devant ses camarades du SDP, c’était au tour de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, Simon Dieuseul Desras, d’être assez loquace  et explicite sur ses contacts avec l’occupant du Palais national. Cité depuis quelques semaines comme étant Premier ministrable et potentiel Premier ministre du Président Jovenel Moïse dans le cadre des négociations en cours, l’ex-sénateur du département du Centre ne dément pas ces informations et paraît même très ouvert à une telle éventualité. Il s’est livré à un véritable examen de conscience vis-à-vis de ses amis de l’opposition dite radicale qu’il qualifie de « démagogues ». 

Il s’est livré à un véritable examen de conscience vis-à-vis de ses amis de l’opposition dite radicale qu’il qualifie de « démagogues ».

 Tout d’abord, Simon Dieuseul Desras avoue sans équivoque que non seulement l’opposition radicale « ment » en disant qu’elle ne discute pas avec le pouvoir, mais il dénonce certains leaders du Secteur Démocratique et Populaire qui auraient reçu neuf (9) millions de gourdes de l’entrepreneur Reynold Deeb du Secteur privé pour casser le mouvement « Peyi lock ». « La chose la plus révoltante pour moi, c’est quand deux ou trois parmi nous avaient pris de l’argent entre les mains d’un membre du Secteur privé des affaires qui voulait que le pays soit débloqué pour faire passer 52 containers de marchandises » lâche-t-il. Au passage, il a admis avoir eu au téléphone des discussions avec le Président Jovenel Moïse. Des entretiens portant d’après lui sur l’organisation des élections et la réforme constitutionnelle. Dans une interview à radio Magik 9 le jeudi 29 octobre 2020, Simon Dieuseul Desras a aussi confirmé les révélations du chef de l’Etat selon lesquelles ce dernier a eu des rencontres avec la plupart des dirigeants de l’opposition radicale et modérée. « Le Président n’a pas menti, il les a bien rencontrés » a déclaré l’ancien élu du Plateau central tout en demandant à ses petits camarades de s’armer de courage pour confirmer eux-mêmes les rencontres avec le Président de la République. 

 Pour l’ancien Président du Sénat, en Haïti, il n’y a pas d’opposition mais des opposants. « Je veux aujourd’hui démasquer certains discours que j’estime démagogiques » renchérit Simon Dieuseul Desras qui croit qu’« à un conflit politique, il faut une solution politique ». Après ces déclarations fracassantes de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale et chef puisant de l’opposition, certains pensent que l’opposition aura du mal à se relever et à se faire accepter dans l’opinion ; surtout après les échecs successifs qu’elle a connus durant les quatre années de la présidence de Jovenel Moïse. Avec cette succession de trahison, de mensonge et de dénonciations, en effet, l’opposition semble toucher le fond au moment où le Président de la République, avec ses discours sur la réconciliation et l’unité nationale, fait tout pour paraître aux yeux de la Communauté internationale comme étant le seul dans cette conjoncture à pouvoir proposer la stabilité en mettant sur le tapis son grand projet de nouvelle Constitution garant, selon lui, de la stabilité politique et institutionnelle en Haïti. Est-ce étonnant que ses initiatives constitutionnelles soient soutenues par les principaux partenaires d’Haïti ? 

 Pourtant dans un ultime sursaut de survie face à l’offensive du Président Jovenel Moïse, les responsables du Secteur Démocratique et Populaire (SDP) catastrophés, abasourdis, ébranlés, secoués et déstabilisés après les déclarations et dénonciations des deux  anciens Présidents du Sénat, Simon Dieuseul Desras et Kely C. Bastien, ont tenté de rebondir. Le dimanche 1e novembre 2020 une rencontre à l’extraordinaire s’est tenue à la résidence de l’ancien Maire de la Croix-des-Bouquets, Rony Colin, afin de tenter de mettre de l’ordre dans cette organisation politique devenue la risée de ses homologues. A l’issue de cette réunion, une Résolution en cinq (5) points a été arrêtée et surtout elle reconnaît les ex-sénateurs Antonio Chéramy (Don Kato), Ricard Pierre et Rony Colin ex-édile de la Croix-des-Bouquets comme étant les seuls autorisés à pouvoir convoquer des réunions ou rencontres de l’organisation. Une révolution ! Selon la note parvenue à la presse suite à ce qu’ils ont appelé, Le Consensus de La Croix-des-Bouquets :

« Le Secteur Démocratique et Populaire profite pour s’excuser auprès des militants-es, des alliés et de toute la population pour les derniers scandales publics offerts au cours de ces deux dernières semaines à travers les médias ».

 (1) Un Comité provisoire composé des sénateurs Ricard Pierre, Antonio Chéramy et du maire Rony Colin a été mis en place. (2) Ledit Comité provisoire constituant l’autorité de convocation du Secteur a pour missions de : a) convoquer et présider les réunions du Secteur Démocratique et Populaire ; b) assurer la représentation politique officielle du Secteur Démocratique et Populaire ; c) signer les correspondances officielles : d) conduire les discussions relatives à la structuration du Secteur démocratique, notamment en ce qui concerne la Coordination du Secteur ; e) coordonner la poursuite et le renforcement de la mobilisation populaire ; f) exécuter le cas échéant, toutes autres tâches à lui confiées par les dirigeants, les cadres et les militants du Secteur ». (3) Un délai de 30 à 60 jours est accordé au Comité provisoire pour assurer sa mission. (4) Les autres dirigeants, les cadres et les militants du Secteur Démocratique et Populaire continuent d’assumer leurs responsabilités respectives » peut-on lire dans une note. 

 Sitôt dit, le trio André Michel, Marjorie Michel et Nènel Cassy ne s’est pas privé pour reprendre la même rengaine en enchainant au point (5) « Le Secteur Démocratique et Populaire réitère que la solution à la crise politique actuelle passe par le renforcement de la mobilisation populaire et la mise en place d’une transition de rupture susceptible de créer les conditions indispensables à l’aboutissement des procès PetroCaribe et des différents massacres (La Saline, Bel-Air, Cité-Soleil) et à l’organisation de la Conférence nationale haïtienne souveraine. Aucune cohabitation n’est possible avec un gouvernement criminel. Le Secteur Démocratique et Populaire félicite l’intelligence et la maturité politique du peuple haïtien et profite pour s’excuser auprès des militants-es, des alliés et de toute la population pour les derniers scandales publics offerts au cours de ces deux dernières semaines à travers les médias ». 

 Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’opposition haïtienne qui semble être l’opposition la plus bête du monde à en juger par le comportement de ses principaux leaders face à un régime qu’elle prétend combattre ne semble pas prête à assumer la relève au départ du chef de l’Etat et ce, quelles que soient les conditions dans lesquelles il aura à quitter le pouvoir. Certainement, ce n’est pas dans la discorde ni dans la confusion encore moins dans la trahison que l’équipe qui assumera la Transition politique trouvera l’harmonie et l’entente nécessaires dont elle aura besoin pour définir le cadre dans lequel les institutions doivent évoluer. A ce rythme là, certains craignent que le peuple haïtien soit encore loin de la sortie définitive d’une transition qui a déjà causé tant de torts aux institutions et au pays. A moins que la nouvelle Constitution promue aux Haïtiens par le Président Jovenel Moïse surprenne par sa modernité institutionnelle et sa fonctionnalité politique. L’incompétence politique, l’orgueil, l’ambition et la cupidité des acteurs de l’opposition causeront-ils leur perte une nouvelle fois ?

(Fin)

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