Remboursez-nous les $3 milliards de PetroCaribe !

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Le mouvement doit prendre une autre dimension: Il faut leur demander d’apporter l’argent sinon les masses populaires iront chez eux, à leurs domiciles mêmes leur demander de rendre ce qu’ils avaient volé ou pillé.

Dimanche dernier, 23 septembre 2018, les masses populaires ont encore manifesté dans différents endroits du pays pour non seulement continuer à dénoncer  les simulacres, les faux-semblants, les tromperies, les manœuvres de poudre aux yeux qui n’ont que trop duré, mais pour exiger des comptes sur l’emploi de plus de $3 milliards de dollars de fonds de PetroCaribe  gaspillés ou dilapidés par les pétrovores.

A Port au Prince, une foule partie de la zone de St Jean Bosco près du boulevard Harry Truman et des manifestants dans la  commune de Delmas ont démarré pour se rencontrer à l’entrée de la route de l’aéroport. Les manifestants tout au cours du parcours ont lancé des propos hostiles  à l’endroit des dirigeants actuels entre autres le président Jovenel Moïse et son chef de cabinet Wilson Laleau sans oublier tous ceux dont les noms ont été auparavant cités  tels Préval,   Martelly, Hervé Lerouge le PDG de Radio Télé Pacific,  l’ancien Premier ministre Laurent Lamothe,  Evans Paul ancien Premier ministre, Reginald Boulos, Sophia, Ollivier, Michel  Martelly qu’ils accusent également de détournement des fonds du pays.

La manifestation du 2 septembre 2018 à Port-au-Prince. Credit: Milo Milfort/Haiti Liberté

Ils ont parcouru différentes rues de la capitale, en chantant « Pou lajan petro sa a peyi a ka boule (Pour cet argent du Fonds PetroCaribe, le pays court le risque d’être livré aux flammes)» . La manifestation s’est terminée au Champ de Mars sur la Place Dessalines. Rappelant et soulignant ainsi que le 20  septembre ramenait le 260ème anniversaire de naissance  de l’immortel Empereur.

Dans la même veine à Jacmel ce dimanche 23 septembre, les manifestants ont visité diverses églises protestantes de la ville pour faire comprendre aux fidèles la nécessité de prendre part à ce mouvement de revendications qui dure bientôt deux mois. L’église Luthérienne de Jacmel dirigée par le pasteur et maire de la ville Macky Kessa a invité ses fidèles à ne pas rester indifférent, à supporter comme il faut ce mouvement en participant en grand nombre à cette marche projetée pour le 17 octobre prochain, date marquant l’assassinat par un acte barbare du fondateur de la nation haïtienne : Jean-Jacques Dessalines.

Le peuple demande compte à Laurent Lamothe et Michel Martelly sur l’emploi des plus de 3 milliards de dollars des fonds de PetroCaribe

Selon certains organisateurs, ce jour il y aura marche en Haïti comme partout dans la diaspora, en France, au Canada, aux Etats-Unis, pour que la lumière soit faite sur les fonds Petrocaribe.

Toujours dans le cadre de cette revendication, l’avocat bien connu Jaccéus Joseph du BODDH (Bureau des Organisations de défense des droits humains) au cours d’un périple en Amérique du Nord a amplement parlé à ce sujet. Il accuse la Justice de ne pas prendre ses responsabilités puisque des noms ont été cités et des personnes ont porté plainte. A ce stade, juste après le départ du Juge Paul Pierre, un nouveau juge d’instruction, Ramoncite Accimé, a été désigné par le Doyen Bernard St Vil pour prendre la relève. C’en est fait, ce dernier annonce les couleurs, en indiquant tout bonnement qu’il va entendre certains plaignants et démarrer officiellement l’instruction du dossier Petro-Caribe.

N’est-il pas convenable de demander si ce projet ne rentre pas dans les plans d’un procès expéditif  du Premier ministre Jean-Henry Céant  qui a clairement exprimé la détermination de son gouvernement de réaliser le procès Pétrocaribe. Nous voulons dans le meilleur délai voir la réalisation du procès.

De toute façon, le juge a invité à comparaître en son Cabinet pour une audition le 27 septembre prochain deux plaignants dont Johnson Colin et Garry Alliance. Les ordres d’invitation ont été acheminés ce lundi 24 Septembre 2018 au Cabinet de leur avocat Maître André Michel qui ne s’est pas embarrassé de mots assez durs pour exiger : « La Population doit continuer à se mobiliser pour porter la justice à arrêter le plus vite possible les nommés Jocelerme Privert, Michel Martelly, Laurent Lamothe, Olivier Martelly, Sofia Martelly, Wilson Laleau, Yves Germain Joseph, Stéphanie B. Villedrouin, Florence D. Guillaume, Jacques Gabriel , Hébert Docteur, Jean Max Bellerive, Max Roodolphe St. Albin et consorts »

André Michel l’avocat de la partie civile, a déclaré qu’il est « très inconfortable » avec le choix du juge Accimé pour traiter ce dossier puisque ce juge originaire de Ouanaminthe a dans le passé plus précisément dans un dossier l’opposant à la famille du président Michel Martelly en 2015 avait été récusé pour « manque d’éthique professionnelle » par les avocats d’alors André Michel et Newton St-Juste.

Les présidents Jovenel Moise et Jocelerme Privert

Toujours dans le cadre de conduire l’enquête criminelle relative à la dilapidation des Fonds du programme PetroCaribe, la Cour des comptes promet pour janvier la publication du résultat de son audit. N’est-ce pas une façon de calmer la mobilisation populaire de façon à la noyer dans un procès trompeur. La Fondation Héritage pour Haïti (LFHH), branche de Transparency International, pour sa part demande aux autorités haïtiennes d’adopter des dispositions en vue de l’aboutissement de l’enquête sur les fonds Pétrocaribe.

Selon la Fondation Heritage lorsque l’audit des dépenses effectuées dans le cadre du programme PétroCaribe sera terminé et que le rapport d’audit aura présenté des indications probantes que des actes de corruption ont eu lieu, l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) et l’Unité centrale de renseignements financiers (UCREF) pourront diligenter leurs propres enquêtes sur les résultats de l’audit en vue de corroborer les faits de corruption (détournement, concussion, clientélisme, népotisme, blanchiment d’argent, etc.), d’identifier les responsables et d’acheminer ces dossiers concluants au parquet pour les suites et poursuites nécessaires ». Cette déclaration fait l’affaire du pouvoir, puisque déjà  le Directeur Général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) David Basile, intervenant le jeudi 20 septembre à un atelier de travail sur la corruption organisé par la commission Justice et sécurité de la Chambre des députés, indique que la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif n’a pas l’expertise requise pour enquêter en profondeur sur les fonds Petro caribe.

Il faut nous rembourser les $3 milliards de dollars de PetroCaribe

Basile enseigne que la CSC/CA, en charge de vérifier la régularité des pièces soumises, est incapable d’examiner minutieusement les cas de surfacturation, de concussion, de trafic d’influence ou de passation illégale des marchés. « Il ne faut pas épingler X ou Y, mais plutôt suivre les traces de cet argent » Et ces traces conduiront à des adresses » ajouta-t-il.

En aucune circonstance nous ne pouvons faire aucun cas des propos de Basile, membre du PHTK et par-dessus tout employé de la cause du mercenariat programmé. La tenue d’un procès « en bonne et due forme » de l’économiste Eddy Labossière témoigne de la naïveté de croire que ce régime corrompu va nous donner satisfaction en se jugeant lui-même.

N’est-ce pas dans cet esprit que le sénateur en fonction Youri Latortue un inculpé avéré,  ancien conseiller de la maffia PHTkiste du président Michel Martelly vient d’être indexé lors d’une manifestation dans son fief, la ville des Gonaïves. Il n’a pas un brin de légitimité, voire de moralité pour demander des comptes sur la dilapidation des fonds Petrocaribe; pourtant il a eu le culot de pondre un livre « Petrocaribe : mon combat pour la reddition des comptes » qu’il vient de publier.

Me Jacceus Joseph du Bureau des Organisations de défense des droits humains (BODDH) au local de Haïti Liberté. Credit: Edgar Lafond/Haiti Liberté

Toutes ces démarches trompeuses ne visent qu’à la récupération du mouvement populaire de demande de reddition des comptes, puisque les rapports du Sénat n’ont pas été faits pour en arriver à cette mobilisation PetroChallenge, jamais ! Ces rapports contre la dilapidation des fonds Petrocaribe ont été faits simplement pour éliminer certains concurrents aux prochaines élections présidentielles. En ce sens, les bonimenteurs vont faire tout ce qui est en leur pouvoir de malfaisance pour détourner l’orientation de la dynamique mobilisatrice en cours, allant même jusqu’à monter un procès bâclé à la va-vite pour bafouer la nation.

Les masses populaires doivent comprendre la complexité de la lutte en cours et doivent rester vigilants, en évitant les bonnes paroles de certains corrompus qui veulent se faire passer pour des citoyens honnêtes.

En ce sens nous apportons notre pleine et entière solidarité aux propos de l’avocat Jaccéus Joseph tenus au cours d’une activité au journal Haïti Liberté samedi dernier. Il a fait la noble réflexion en indiquant que le mouvement doit prendre en ce moment une autre dimension à savoir : Il faut leur demander d’apporter l’argent sinon les masses populaires iront chez eux, à leurs domiciles mêmes leur demander de rendre ce qu’ils avaient volé ou pillé.

Le peuple maintenant n’a d’autre alternatif que d’aller lui-même chercher ce qui lui est dû. Nous leurs avons demandé où est l’argent, mais ils n’ont rien dit. Au contraire, ils pensent à nous passer en dérision. C’est à nous maintenant d’aller frapper à leurs portes ! A bon entendeur salut !

 

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