Forum sur la sécurité du HCT, « un coup d’épée dans l’eau » (2)

(2ème partie)

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Des membres du gouvernement et du Haut Conseil de la Transition (HCT) au forum sur la sécurité

En dépit de la bonne volonté dont ont fait foi Mirlande H. Manigat et ses amis du Haut Conseil de la Transition (HCT) et le souhait de voir d’autres acteurs politiques rejoindre et soutenir les Actes du Forum sur la sécurité avec leurs propres propositions, le chemin demeure encore parsemé d’épines à en croire les opposants au pouvoir de la Transition et au HCT et c’est peut être là le vrai handicap pour de telles initiatives.

Comme nous le soulignons dans la première partie, s’il y a eu un beau parterre d’invités présents, néanmoins, tous les observateurs avaient remarqué l’absence de la quasi-totalité des principaux leaders politiques et acteurs de la Société civile. Certes, ils étaient tous ou presque invités par le HCT et même invités à venir avec leurs propres propositions et arguments relatifs à la sécurité. Mais, dès l’annonce de cette grand-messe, tous avaient donné une fin de non-recevoir à l’invitation de la Présidente et de ses collègues du HCT.

Résultat des courses, tous, dans une unanimité exemplaire mais trop rare pour ne  pas le signaler, ont tenu parole. Aucun parmi ces leaders connus de la population n’a mis les pieds à l’hôtel Karibe les 23 et 24 mai 2023 pour ne pas être confondu ou signalé parmi les responsables politiques qui ont cautionné le Forum de… Mirlande, comme ils le disaient.

C’est le Président du Collectif du 4 Décembre, Jean Robert Argant, qui semble trouver la bonne formule pour expliquer sa non participation à la rencontre de Karibe. Il croit tout naturellement qu’une « telle démarche est un coup d’Épée dans l’eau. » Des formations politiques comme : En Avant, LAPEH, Pitit Dessalines, GREH, Fanmi Lavalas, MOPOD, PHTK, OPL, UNIR Haïti, pour ne citer que ces partis plus ou moins représentatifs de la société haïtienne ou tout au moins plus actifs dans l’opposition contre le pouvoir en place, ont boudé le Forum sur la sécurité et le dialogue.

Certains responsables de ces partis politiques disaient qu’il s’agissait d’un piège, le HCT voulait les faire venir juste pour les comptabiliser comme étant des membres  de l’Accord du 21 décembre. En tout cas, c’est ce qui a été avancé dans une Note datant du mardi 24  mai 2023 signée par les membres du Bureau de Suivi de l’Accord de Montana (BSA) qui flaire, selon eux, le coup fourré « Ce Forum est une manœuvre pour faire passer pour des signataires tous les participants qui signeront la liste de présence», argumentent les signataires de l’Accord du 30 août avant que James Beltis, Président du BSA, n’ajoute : « Aucun progrès, aucune évolution dans le cadre de la mission du Haut Conseil qui avait pour responsabilité de garantir la sécurité sur le territoire. Néanmoins, ce sont des autorités de l’État qui participent à l’alimentation des gangs, donc cette initiative portée sur la bonne gouvernance et la sécurité est une démagogie ».

Le corps diplomatique était bien représenté au Forum du HCT

De façon individuelle, certains partis politiques ont marqué leur refus à cette activité organisée par une Institution qu’ils estiment être un instrument politique créé pour pérenniser le mandat du Premier ministre de la Transition jusqu’en 2025 ou 2026. C’est le cas  de l’OPL qui, par la bouche de son Porte-parole, Dario Siriac, a estimé que : « Ce Forum qu’organise le HCT ne peut déboucher sur aucune solution parce que ce Conseil ne contient aucune prérogative de gouvernance. Celui qui exerce ce pouvoir se nomme Ariel Henry et ses autres partenaires. Mme Manigat et ses alliés ne font que de la grimace politique. Les gangs ont gagné plus de terrain depuis la création du HCT, rien de concret n’a jamais été fait. Pour garantir la sécurité dans le pays, la Constitution indique clairement ce qu’il faut faire. Il convient au gouvernement d’équiper les forces de l’ordre, les agents des Forces armées d’Haïti (FADH) et de faire de son mieux pour aborder le problème, pas la peine d’entrevoir un sommet ; il faut avoir une volonté politique pour poser et résoudre les problèmes ». Parmi les opposants à ce Forum sur la sécurité, de l’avis de plus d’un, seul le colonel Himmler Rébu, le Président du GREH, a été le plus cohérent.

Celui-ci, sans nier pour autant l’utilité qu’une telle opération pourrait avoir pour les autorités si elle était organisée autrement ne comprenait la démarche.  Selon le colonel, un Forum entre spécialistes et experts aurait pu donner quelques pistes à creuser dans la recherche de solution. Alors, il a donné quelques idées pour s’y faire. Selon Himmler Rébu qui intervenait sur radio Magik9 le jeudi 11 mai 2023, « Si l’on réunit quelques onze (11) techniciens et spécialistes dans ce domaine, il demeure évident que les autorités pourraient poser le bon diagnostic et établir une stratégie pour ramener la paix dans le pays, sinon le Forum du HCT ne fait que ridiculiser la population. » Car, cet ancien militaire et spécialiste de la sécurité, s’interrogeait sur les  résultats qui pourraient sortir du Forum sur la sécurité des 23 et 24 mai « Comment discuter des problèmes de sécurité d’un pays en public ? C’est comme si l’on réunissait tous les techniciens du pays pour discuter en public sur des éléments pouvant résoudre les problèmes de sécurité. 

C’est totalement en dehors des règles, anormal et à la rigueur cela peut être comparé à un mensonge collectif à la population parce que dans aucun cas on ne peut poser, proposer des solutions aux problèmes de sécurité du pays dans un Forum », affirme  cet ancien officier du Corps des Léopards. En tout cas, en dépit des oppositions manifestes à cette Conférence sur la sécurité et du dialogue, Mirlande H. Manigat, au nom du HCT, a fait un certain nombre de propositions  sous forme de calendrier au Premier ministre qui, de son côté, se dit prêt à mettre à exécution l’agenda prévu par le Haut Conseil de la Transition. En effet, dans son allocution de clôture, Ariel Henry a déclaré « Vous pourrez toujours compter sur mon gouvernement qui se fera un devoir de vous accompagner dans le travail parfois ingrat, souvent incompris, que vous faites pour notre pays.

Himmler Rébu, du GREH

Je peux vous dire que dans les jours et les semaines qui viennent, nous aurons l’occasion de voir des changements significatifs tant au niveau de la sécurité qu’au niveau de la gouvernance du pays. Mettons-nous au travail car la tâche est immense et le temps nous est compté » disait l’occupant de la Primature. Selon le document intitulé : Déclaration conjointe sur les étapes à franchir pour le rétablissement des institutions démocratiques, il est écrit : la formation du CEP était prévue entre 24 et 29 mai 2023 pour une installation du 29 au 31 mai de cette année. Ensuite, le changement et l’installation d’un nouveau cabinet ministériel entre le 24 mai et le 5 juin 2023, suivis de la formation d’une Commission de révision de la Constitution entre le 5 et le 7 juin entre autres. A cela, il faudrait rajouter une révision de la liste électorale de l’ONI (Office National d’Identification) entre 10 juillet et 10 septembre toujours de l’année en cours en attendant la remise des travaux de la Commission de révision constitutionnelle allant du 10 septembre au 10 décembre 2023.

Enfin, le calendrier de propositions au gouvernement préconise la poursuite du processus électoral jusqu’à la promulgation du décret électoral entre le 10 décembre de cette année et le 10 février 2024 qui sera suivi de la publication du calendrier électoral du CEP. Selon le Responsable du Mouvement national pour la transparence, Pascal Adrien, en principe, d’ici quelques semaines (on était en mai), le pays devrait être doté de ce fameux Conseil Electoral Provisoire (CEP), puisque, d’après lui, la liste des personnalités désignées par des Secteurs différents était déjà entre les mains du Premier ministre qui devrait transmettre la liste au HCT qui fera le choix de 9 d’entre elles pour être membres du CEP.

Signalons que selon cet agenda soumis par le groupe chargé par le HCT lors des deux journées du Forum pour faire des propositions au Premier ministre, les élections générales devraient avoir lieu entre 10 février et 10 décembre 2024 pour que les nouveaux élus puissent entrer en fonction entre les mois de janvier et mars 2025, quatre (4) années après l’assassinat du Président Jovenel Moïse, soit une législature !

(Fin)

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