Après l’adresse à la nation fort tard dans la nuit du mercredi 7 février 2024, comme nous l’avons noté dans une précédente chronique, le Premier ministre Ariel Henry pensait s’être sorti d’affaires. Pourtant, même ses alliés reconnaissent qu’il n’avait pas dit grand-chose pouvant, au mieux, calmer une partie de ses opposants, au pire, faire rentrer la population à la maison.
Malgré tout, le dimanche 25 février 2024, il s’envole pour un long périple à l’étranger sans se douter que les choses allaient dégénérer en son absence. Finalement, vue la tournure de la situation, tout le monde a compris que c’est tout le pays qui, non seulement ne l’avait pas entendu, mais surtout ne l’avait point écouté. Et pour cause. Le mois de février va se transformer en cauchemar pour le pouvoir, notamment pour le chef de la Transition. Pas un jour ne passe sans qu’on n’apprenne ou assiste à un mouvement de foule.
Dans le Grand-Sud, à Jérémie, malgré une répression inouïe de la part des forces de l’ordre sous la houlette du Délégué de la Grand’Anse, la population ne se laissait pas impressionner ni intimider. Elle poursuivait la contestation contre la présence d’Ariel Henry à la tête du gouvernement. Aux Cayes, dans le Sud, la même chose, on brûle des pneus, on conteste la légitimité des autorités, on manifeste avec un seul objectif : la chute du régime de Transition. Dans le Grand Nord, l’on reprend les mêmes et l’on recommence. Certes, beaucoup moins violent que les premiers jours de février, mais la donne n’a pas changé, la démission d’Ariel Henry restait l’objectif final. A Ouanaminthe, d’un côté, ce sont des structures politiques qui organisent une Assemblée générale que les organisateurs baptisent : « Congrès de Ouanaminthe », de l’autre, l’on manifeste dans les rues. Pendant ce temps, la construction du canal se poursuit tant bien que mal.
Les paysans de la plaine de Maribaroux constatant que les autorités de la capitale sont en difficultés et ne peuvent plus rien contrôler, alors ils ne lâchent pas prise. Ce fut ainsi jusqu’au dernier jour du mois de février de cette année bissextile. Le jeudi 29 février 2024, en effet, marquera certainement le jour où tout a basculé pour le Premier ministre Ariel Henry.
En effet, par une action concertée, différents groupes armés ont décidé de mener une opération de guerre qui consiste à attaquer et incendier un certain nombre de Commissariats, Sous-Commissariats de police et d’autres institutions publiques à travers la région métropolitaine de Port-au-Prince. Cette journée fut marquée par une terrible violence coordonnée par les gangs durant laquelle le sang et le feu ont marqué les esprits. Tout avait commencé par une attaque en règle dans la matinée du jeudi 29 février 2024 de l’Académie de police située à Pétion-Ville. L’objectif : donné le signal du départ de ce qui allait être le point de non-retour pour le gouvernement dirigé par Dr. Ariel Henry.
A ce moment précis, il s’agissait d’une ruse. Les groupes armés ne cherchaient pas à prendre l’Académie de police. Ils n’ont pas résisté face aux répliques des forces de sécurité, ils voulaient seulement détourner l’attention et retenir les unités spécialisées de la police à Pétion-Ville, le temps pour eux de s’en prendre aux vraies cibles. En revanche, dans la commune de la Croix-des-Bouquets, fief du gang appelé 400 Mawozo, le plus redouté du pays, c’est la consternation. 6 policiers ont été tués dont un Inspecteur Principal qui a été démembré par ses assassins.
Cette tuerie a eu lieu durant l’attaque du Sous-Commissariat de Bon-Repos qui, malgré une résistance acharnée de 3 heures des agents de police et des appels désespérés en renfort face aux hommes de Jeff Gwo Lwa et « Chen Mechan », a fini par tomber. Les victimes répondent au nom de : Monode Etienne, Pautrace Résulta, Jean-Baptiste Guilliamson, Pierre Luciana, Marion Junior, Pierre Espera. Après leur forfait, les groupes armés ont incendié le Sous-Commissariat. Le même jour, d’autres alliés ont mis à sac la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire de l’Université d’Etat d’Haïti et incendié le bâtiment situé sur la route nationale N° 1.
En réalité, c’était le ministère de l’Agriculture et des Ressources Naturelles situé dans les mêmes locaux que ladite Faculté qui était visé par les groupes armés. Au même moment, un autre groupe s’en prend à l’aéroport international Toussaint Louverture et à l’aérogare Guy Malary tout proche, obligeant l’arrêt total de toutes activités. Plus loin, au Centre-ville de Port-au-Prince, c’est le Sous-Commissariat du Portail Léogâne qui est en flamme après un assaut mené par le groupe du redoutable chef Johnson André alias Izo de la Cité-de-Dieu. Les policiers, pour sauver leur peau, ont vite pris la fuite face à la puissance de feu de ce gang déjà tristement célèbre pour avoir humilié la police nationale dans leur fief au Bicentenaire. Cela faisait longtemps déjà que cette bande s’était emparée du Palais de justice et l’occupe en permanence depuis deux ans après avoir chassé le Premier ministre et les autres fonctionnaires de la Primature située dans les parages. Journée d’enfer disons-nous, ce jeudi 29 février 2024 est un tournant ! C’est la date où les gangs ont réellement pris le pouvoir à Port-au-Prince, dans la mesure où, depuis lors, plus rien n’est comme avant.
Forcément, il y aura un avant et un après 29 février 2024 en Haïti. Dans la capitale, c’est la panique ! Les écoles sont fermées, les parents se précipitent pour récupérer leurs enfants, les administrations, publiques comme privées, se barricadent ou se font attaquer l’une après l’autre. Tandis que les ambassades et autres Missions diplomatiques ferment leurs portes. Les Commissariats de police tombent l’un après l’autre. Ici, le Marché Salomon, là c’est celui de Thomassin. Ce jour-là, Port-au-Prince et ses périphéries ont été le théâtre d’incendies, d’attaques tout azimut des institutions par les groupes armés et du début de la chasse aux personnalités politiques proches du pouvoir. Dans les communes de Tabarre, Carrefour, Pétion-Ville, l’on se bouscule pour rentrer chez soi. Personne ne sait ce qui se passe. Alors que le gouvernement est aux abonnés absents. La révolution a-t-elle commencé ? On n’en sait rien. Ce qui est certain, la République n’est plus gouvernée. Elle est en roue libre.
Elle est livrée à elle-même. Et soudain, dans l’après-midi, Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », ancien policier d’une unité d’élite de la PNH, passé depuis deux ans de l’autre côté et devenu l’homme fort du bas-Delmas et chef d’une coalition regroupant la quasi-totalité des bandes armées dit « Vivre Ensemble », apparaît sur les médias sociaux pour rassurer la population et faire passer un message.
Pour commencer, l’ancien membre de la UDMO (Unité Départementale de Maintien d’Ordre), entouré d’un nombre impressionnant de partisans armés jusqu’aux dents, annonce :
« Aux noms des différents groupes armés du pays, j’annonce le retour de la coalition « Viv Ansanm ». Aujourd’hui 29 février 2024, on lance la bataille qui doit renverser le Premier ministre et son gouvernement, c’est notre premier objectif. Aujourd’hui, je déclare que la chasse aux Ministres, au Directeur général de la PNH, Frantz Elbé, est ouverte. On doit les arrêter et les envoyer rejoindre Ariel Henry là où il est, qu’il ne rentre plus au pays. Nous constatons que le pays est pris en otage par un petit groupe. Ce groupe a distribué des armes dans les quartiers populaires, nous incite à nous battre, au profit de leurs intérêts. Cette révolution doit tout changer. Le peuple haïtien doit être libéré. Nous le ferons avec nos armes. La population civile, les plus vulnérables ne sont plus notre cible. Les canons de nos armes sont tournés vers nos vrais ennemis. Cette fois-ci, les oligarques corrompus, les membres du pouvoir ne pourront pas investir de l’argent dans les quartiers populaires pour mater notre mouvement. Ils ne pourront plus semer la discorde en nous faisant combattre entre nous. Tous les groupes armés du pays, en province et à Port-au-Prince, sont plus soudés que jamais » a martelé, déterminé Jimmy Chérizier, chef de guerre.
Aussitôt, sa déclaration fait le tour de la planète et est reprise par la presse du monde entier. Barbecue, l’homme au béret, est de retour sur la scène politique haïtienne après un silence qui laissait planer le doute sur ses réelles motivations politiques. Certains se posent encore des questions sur un Jimmy Chérizier qui joue en trompe l’œil à la révolte populaire et aux gangs armés.
En tout cas, l’homme fort de Delmas 6, son fief, a revendiqué cette sortie spectaculaire qui a semé le chaos dans la région métropolitaine ce 29 février 2024. Depuis, « Vivre Ensemble » se place en véritable force politique et bras armé d’une contestation populaire qui a empêché le retour du Premier ministre Ariel Henry en Haïti jusqu’à obtenir sa démission dans la soirée du 11 mars 2024 depuis Porto Rico où il est retenu par les autorités américaines. Comme nous le disons plus haut, la journée du 29 février a été le début d’une longue série d’attaques armées contre différentes institutions du pays. Outre les Commissariats et Sous-Commissariats de police de Port-au-Prince et ses banlieues, on a relevé pas moins d’une vingtaine d’infrastructures policières qui a subi les assauts des gangs armés depuis le soulèvement, sans oublier la résidence du Directeur général de la PNH, Frantz Elbé, qui a été attaquée, pillée et brûlée à Santo 17 dans la commune de Croix-des-Bouquets.
Le Tribunal de paix de la commune de Delmas incendié, les quartiers chics de Bellevue, Vivy Mitchel, Torcel, Belleville dans la commune de Pétion-Ville où résident habituellement les hauts dignitaires du régime, des leaders politiques et une partie des familles aisées ont eux aussi fait l’objet d’attaque des groupes armés qui cherchaient les alliés du chef du gouvernement démissionnaire. Pendant que les attaques continuent sur les hôtels de police et autres lieux symbolisant l’autorité de l’Etat, ce fut aux Centres carcéraux du pays de subir à leur tour les attaques des groupes armés avant d’être incendiés comme l’historique Pénitencier national (Gran prizon) le jeudi 14 mars 2024 à Port-au-Prince.
En effet, entre les 1er, 2, 3, 4, et 5 mars, le Pénitencier national, situé à la rue du Centre, en plein centre de la capitale où étaient incarcérés, selon les chiffres avancés par différents organismes des droits humains, près de 4000 (3798) personnes, plus de 3700 se sont évadés après que cette prison ait été littéralement prise d’assaut par un groupe armé dans la nuit du 1er au 2 mars. Seule une centaine avait préféré rester à la prison au moment de l’attaque.
Parmi eux, figurent les colombiens incarcérés dans le cadre de l’assassinat du Président Jovenel Moïse et, ce qui est plus surprenant, celui qu’on présente comme étant l’un des cerveaux de cet assassinat, Joseph Félix Badio, un ami de Ariel Henry. D’autres comme Me Robinson Pierre-Louis, ancien Secrétaire du Barreau de Port-au-Prince, l’ex-Président de la Chambre des députés, Cholzer Chancy, Marcky Kessa, ancien maire de Jacmel, entre autres, sont eux aussi restés terrés dans leurs cellules. Mais, livrés à eux-mêmes en étant abandonnés par leurs geôliers et par peur de se faire assassiner par d’autres individus venus de l’extérieur, ces détenus « VIP » et quelques autres se sont rendus au Commissariat de Delmas 33 pour y être incarcérés à nouveau. Un peu plus tard dans la journée du 2 mars, tout le reste des prisonniers ont été transférés un peu partout dans la région, notamment, à la prison civile de Pétion-Ville. Entretemps, le Commissariat de Delmas 33 a été l’objet d’attaques des groupes armés dans la nuit du 3 mars.
Dans la confusion de ces actions en série, 6 policiers sur 10 qui étaient en isolement pour diverses infractions dans ce Commissariat en attendant leur procès et 14 autres détenus, soit 20 personnes au total, ont pris la poudre d’escampette. Le lendemain, c’était au tour de la prison civile de la Croix-des-Bouquet d’être la cible des bandits. Dans ce Centre carcéral, ce sont 1033 détenus qui ont pris la fuite soit la totalité des prisonniers suite à une opération menée par un commando à la manière militaire. Après des heures de combats sans répit, les gardiens ont dû abandonner la lutte, battre en retraite et se déguiser eux aussi en prisonniers comme leurs confrères de la Prison civile de Port-au-Prince pour quitter les lieux. Depuis, aucun des évadés sur un total de 4733 n’a été repris ni ne s’est rendu à la police. Entretemps, les attaques se sont poursuivies à travers la ville et contre des institutions. Ce même samedi 2 mars 2024, le Ministère de la Culture et de la Communication situé au Bois-Verna est envahi. Il été a pillé, saccagé et laissé à l’abandon. Le samedi 9 mars, c’était au Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales d’être la cible des groupes armés.
S’il n’est pas tombé aux mains des insurgés grâce aux répliques des forces de l’ordre, tous les véhicules se trouvant au parking ont été incendiés. Le Palais national tout proche n’échappe pas à des tentatives répétées pour l’envahir. On a enregistré plusieurs assauts contre ce symbole de l’Etat depuis les évènements, mais les forces de l’ordre ont pour le moment repoussé les hommes du Mouvement « Vivre Ensemble ». Jusqu’à quand ? Car ce lieu qui est le cœur névralgique du pouvoir haïtien demeure l’un des objectifs visés par les hommes de Jimmy Chérizier qui continuent de faire le siège du pouvoir de Transition. Dans la commune de la Croix-des-Bouquet, des hommes armés ont fait irruption dans les différents établissements bancaires, notamment la Sogebank, la BNC, la Unibank, les ont pillés puis les ont incendiés. De Bon-Repos au Bicentenaire en passant par les quartiers de Santo, Duval, Carrefour Shada, Carrefour Marassa, Bois-Verna, Delmas, Carrefour de l’aéroport ou Rezistans, Nazon, Centre-ville de Port-au-Prince, Champ de Mars, etc, les autorités ne contrôlent plus rien et la police est en butte aux assaillants qui la harcellent en permanence. La Cité est à nue. La République est à la dérive. L’Etat démissionne.
Dans la nuit du 5 mars, c’est la prison civile de Jacmel qui a été pour sa part saccagée par des centaines de détenus qui ont provoqué une émeute afin de se faire la belle. Selon le Directeur de la police de Jacmel, Allande Serge Jolicoeur, aucun des 700 détenus que compte cette Prison n’a pu être échappé grâce à la détermination et au courage des policiers. Néanmoins, le bilan est lourd, on compte 3 morts et 9 blessés parmi les prisonniers. Suite à cette tentative d’évasion, certains détenus ont été transférés à la prison civile de Petit-Goâve.
Outre ces attaques à répétition, notamment le centre carcéral de Cabaret dans le département de l’Ouest, à Ouanaminthe, dans le Nord-Est, c’est le Commissariat de la ville qui a été pris pour cible durant une trentaine de minutes dans la nuit du 1er au 2 mars. Plusieurs échanges de tirs ont été enregistrés. La police a pris le dessus sur les assaillants selon le Commissaire de police de la ville, Ronald Eugène. Celui-ci explique : « Depuis le début des mouvements de protestation dans le département du Nord-Est, particulièrement dans la ville de Ouanaminthe, nous avons adopté de nouvelles mesures de sécurité afin de nous faciliter la tâche et de parer aux attaques des groupes armés contre le Commissariat comme celle de ce vendredi.
Grâce aux agents de l’Unité départementale de maintien de l’ordre (UDMO) venus en renfort aux policiers affectés à cet espace, nous avons fait échec à cette démarche des assaillants » révèle-t-il. Parmi tous ces mouvements armés contre les Commissariats de police du pays conduits par le Mouvement « Vivre ensemble » selon les dires de son porte-parole, Barbecue, il faut noter la stratégie mise en place par les groupes armés autour des aéroports du pays, notamment, ceux de Port-au-Prince et du Cap-Haïtien. Depuis le 29 février 2024, les aéroports de ces deux villes sont placés sous haute surveillance et l’on dirait même assiégés par les hommes armés qui contrôlent le pays en absence d’autorités plus ou moins légitimes. Leur objectif, barrer la route au Premier ministre Ariel Henry parti à Nairobi au Kenya pour accélérer le déploiement d’une force étrangère multinationale en Haïti.
Après l’attaque menée le jeudi 29 février contre l’aéroport Toussaint Louverture, en tirant sur les installations aéroportuaires et en touchant un aéronef d’une compagnie d’aviation cubaine, la population a pris le relais devant l’aéroport du Cap-Haïtien en vue d’empêcher l’atterrissage de tout avion qui aurait pu tenter de ramener Ariel Henry en Haïti. Résultat, le lundi 4 mars, à part 2 avions en provenance de Providenciales qui ont bravé l’insécurité et atterri avant de repartir aussitôt presqu’à vide, toutes les activités sont au point mort. Pas de vols nationaux ni internationaux en provenance ni au départ d’Haïti. Les compagnies suspendent l’une après l’autre leur rotation au départ et à l’arrivée d’Haïti. La situation semble figée. A Port-au-Prince, malgré le déploiement de l’armée pour seconder la police, rien n’y fait, impossible de faire décoller ou atterrir le moindre aéronef du tarmac Toussaint Louverture ni d’Hugo Chavez.
La raison : des snipers postés sur les toits des maisons tout autour de l’aéroport sèment la panique dès qu’ils entendent un bruit qu’ils associent à un avion. Ils tirent de partout. A la moindre alerte, ces hommes armés ouvrent le feu. Résultat, tout trafic aérien est suspendu jusqu’à nouvel ordre par les autorités de l’Aviation civile haïtienne depuis ce 29 février 2024. Certes, le gouvernement, en tout cas l’appareil faisant office de gouvernement, a beau instauré un couvre-feu et décrété l’Etat d’urgence sécuritaire sur tout le département de l’Ouest, notamment sur la capitale et ses périphériques, entre 18 heures et 5 heures du matin durant une période de trois jours, puis les a prolongés jusqu’au mercredi 3 avril 2024, il faut bien se rendre à l’évidence que ce n’était pas nécessaire. Et pour cause. Le pays est déjà en mode couvre-feu de fait dans la mesure où personne n’ose s’aventurer dans les rues de Port-au-Prince tant la tension est palpable et les tirs rendant impossible de sortir le jour n’en parlons pas la nuit et ce, depuis trois ans. Alors, couvre-feu et Etat d’urgence sécuritaire ne sont que de leurres, personne n’y fait attention.
L’on cherche surtout à se protéger comme on peut d’une part contre les groupes armés et d’autre part contre la police qui ne fait plus la distinction entre paisible citoyen et les 5 000 évadés de prisons qui vadrouillent dans la ville. D’où les centaines de cadavres qu’on comptabilise tous les jours dans les rues de Port-au-Prince depuis les évasions en masse suite aux attaques des différents Centres carcéraux de la région métropolitaine de Port-au-Prince. Pendant ce temps, la population toute entière a reçu avec indifférence le lundi 11 mars 2024, tard dans la nuit, la déclaration officielle du Premier ministre de la Transition confirmant sa démission qui était déjà annoncée par la quasi-totalité des médias haïtiens se basant sur un article de Miami Herald daté du 6 mars 2024 rapportant que la Maison Blanche avait demandé à Ariel Henry, bloqué quelque part dans un hôtel à San Juan, Porto Rico, de démissionner afin de faire de la place à un Conseil présidentiel et un nouveau Gouvernement dont il sera exclu. Un geste qui est, en toute honnêteté, une victoire des groupes armés.
Alors que, depuis les 9, 10, 13 et 14 mars, les principaux pays dit amis d’Haïti : les Etats-Unis, la France, l’Allemagne, l’Union européenne, le Canada, la Suisse, République dominicaine, l’ONU ont procédé à l’évacuation d’une grande partie de leur personnel diplomatique et de leurs ressortissants en Haïti. Enfin, depuis quelques nuits, des hélicoptères immatriculés US marine commencent à acheminer à Port-au-Prince des troupes du Corps des Marines (FAST) basés à Yorktown, en Virginie, prétextant qu’il s’agissait des militaires pouvant assurer la sécurité de l’ambassade et les infrastructures des Etats-Unis en Haïti et de procéder à l’évacuation des ressortissants américains. Est-ce le signe du retour des Marines qui se fait de manière plus discrète envoyés en éclaireur en attendant le vrai débarquement ? Affaire à suivre.