Un État démissionnaire de connivence avec l’impérialisme !

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Ce n’est pas du tout surprenant. La crise politique structurelle  qui couve depuis le premier et sinistre coup d’état d’octobre 1806, a fini par éclater au grand jour. Au fil des ans, elle a engendré  un climat politique perturbé et hautement instable, suscité toutes sortes de tractations, de manœuvres déstabilisatrices, avec comme résultat l’exclusion tout bonnement de la vie nationale de la grande masse des déshérités,

Comment qualifier un pays sous occupation étrangère qui n’arrive pas à éduquer ses enfants, ni à soigner sa population ?  La santé publique a atteint ses plus bas niveaux, partout fleurit la prostitution. L’escroquerie, la corruption et le détournement des deniers publics sont devenus la norme. Les malades préfèrent mourir chez eux, car les hôpitaux sont démunis,  au point de  n’avoir ni lits, ni médicaments. Les portes de la maternité Isaïe Jeanty ont été fermées. Les directeurs d’école protestent. Contrairement à ce que l’on veut faire croire, les populations n’en tirent aucun profit, tandis que les tenants du pouvoir  ne font que dilapider les fonds publics,  notamment ceux de Petrocaribe,  dans de folles dépenses somptuaires et inutiles.

C’est à la faveur de ce désordre organisé que l’impérialisme  continue d’opprimer et d’exploiter le peuple haïtien par l’intermédiaire de ses valets locaux avec tout d’abord comme objectif  la perpétuation  du néo-colonialisme.  Au point où l’on en est, tous les actes de l’État sont entachés d’illégalité et de corruption ;  ce qui va catégoriquement à l’encontre des aspirations populaires,  en défaveur du droit  du peuple à l’autodétermination, à la liberté,  à l’indépendance.   Seules en profitent les anciennes puissances colonialistes.

Ne sont-ce pas les mains impérialistes qui ont confectionné ce tissu  de misère, de pauvreté qui enveloppe le pays et alimente cette déstabilisation  qui s’apparente tout à fait à un programme bien orchestré,  masquant mal la réalité dans laquelle vit le peuple.  Les derniers événements font tout juste  ressortir avec une grande netteté que l’État haïtien n’existe plus.  C’est un fiasco général sur  toute la ligne, une faillite totale. Point de fil conducteur.  Le pays est perdu, engagé tête baissée dans la voie de la sous-traitance néocoloniale. Toutes les institutions ont été démantelées. Le résultat est là aujourd’hui encore,  oppressant et catastrophique.  Les experts occidentaux se relaient, prenant le contrôle de l’État. Le bilan de 11 ans d’occupation  Étatsunienne sous-couvert onusien est plus désastreux qu’on se l’imaginait.

La réalité a tourné au cauchemar et c’est loin d’être terminé, vu que le pays ne cesse de s’incliner docilement devant les diktats des puissances exploiteuses.  Le pouvoir en désarroi pour sa part continue de pêcher en eaux troubles, organisant en quelque sorte la subversion  dans le droit fil des méthodes coloniales. Et le cynisme ne s’arrête pas là !

Les ultras du régime et laquais de l’impérialisme font feu de tout bois dans l’espoir de garder le plus longtemps possible le pouvoir par des élections frauduleuses et truquées. Pour satisfaire leurs intérêts, ils se déroberont à leur devoir patriotique pour renforcer le joug colonialiste. Ils ont déjà battu tous les records de malhonnêteté. Comment  se soucieraient-ils du devenir du pays, quand les dirigeants fonctionnent aveuglément au service de l’international, préférant s’enrichir et gaspiller tout en  initiant la classe moyenne aux délices de la consommation corruptrice.

Véritablement, l’État a cessé d’exister en Haïti. Depuis l’occupation du pays par  la Minustah, les impérialistes refusent d’admettre que le peuple choisisse lui-même son propre destin. Ce sont les Etats-Unis qui ont toujours imposé leurs laquais et s’apprêtent à récidiver comme en 2010 avec  les candidats à la présidence Jovenel Moise ou Jude Célestin comme l’indiquent les impertinentes déclarations  de l’ambassadeur des Etats-Unis la semaine dernière.

On n’a pas besoin  d’être grand clerc pour savoir à qui profite le crime électoral en cours?     Les réactions du Core Group ne riment-elles pas avec celles de  l’Union européenne !  Ne sont-ce pas eux qui dirigent l’État haïtien ? Ils sont parvenus à réunir toutes les conditions nécessaires qui  leur permettent d’avancer leur pion et de gagner du terrain par l’installation à marche forcée des parlementaires le 11 janvier,  et un second tour présidentiel reporté au 24 janvier de façon tout à fait inattendue.

En état de légitime défense, ne devrions-nous donc pas combattre ce complot impérial ? Assurément oui, car aucun haïtien conséquent et fils de Dessalines ne pourra se sentir fier, tant que le pays continuera à plier sous le joug des ennemis du peuple.

Il ne devrait-y avoir  aucune place à l’ambiguïté ; il n’y a rien à négocier avec les fantoches, et à partager avec les nouveaux conquérants. Ils doivent être combattus jusque dans leurs derniers retranchements. Ils se sont employés à gagner du temps dans l’espoir qu’ils parviendront à consolider leur conquête. Haïti se laissera-t-elle berner ?  En aucune façon il ne faudrait trahir les intérêts du peuple et du pays. C’est en tout cas, le moment de faire en sorte que l’imbroglio en cours finisse par se résoudre à l’avantage du peuple haïtien.

Le seul chemin sur lequel nous devons avancer aujourd’hui d’un pas ferme, organisé et assuré est bien celui du devoir des forces progressistes révolutionnaires d’épouser la cause du peuple et de la soutenir en l’absence d’une alternative de changement social.

Que les forces obscures nous laissent le soin de faire nos choix librement !  Qu’on nous   laisse libres de nos mouvements, selon une dynamique d’effective auto-détermination comme tous les pays épris de paix et de liberté!

Berthony Dupont    Volume: 9 • No. 26 • Du 6 au 12 janvier 2016

 

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