Petit aperçu sur la conjoncture électorale

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A l’heure où le pays sombre de plus en plus dans de graves incertitudes, la fièvre électorale est revenue à temps pour créer une illusion d’espoir, de façon à tenir le peuple dans une très longue attente. Ce qui constitue une tromperie laissant croire que quelque chose tenant franchement du miraculeux pourrait naître de la voie pacifique des élections et changer le pays toujours empêtré dans une calamiteuse situation économique, politique et sociale.

Ainsi, la dégénérescence de l’Etat haïtien n’aboutit qu’à des crises endémiques. Le système politique de domination imposé a depuis longtemps craqué et continuera à craquer sans qu’on ne voie aucun signe d’une alternative fiable. Une réalité toute nue de misère et de pauvreté, d’un sous-développement qu’on continue à maquiller, rien que pour brader la volonté et la vigilance du peuple. Aussi longtemps que le peuple vivra dans cette impasse, le mal nécessaire que sont les élections lui sera toujours présenté comme solution en le faisant voter et élire ses propres bourreaux.

Dans un tel climat fait d’illusions, tous les regards convergent vers les candidats à la présidence et aux législatives qui se déplacent dans tous les coins et recoins du pays entrainant des centaines voire des milliers de personnes. Ouvrons ici une parenthèse pour préciser que toutes les personnes participant à un rassemblement électoral ne sont pas forcément acquises aux candidats. C’est une réalité que beaucoup de candidats s’obstinent à nier ou à ignorer. Outre les alliés naturels, certains électeurs en puissance défilant dans les rues sont tous justes présents pour soutirer un peu d’argent; d’autres, eux-mêmes des rêveurs espérant de bonne foi que si l’un de ses soupirants candidats arrive à gagner, les conditions de leurs vies pourraient ainsi changer. Fermons la parenthèse.

A ce stade des événements, le tableau des principales forces politiques potentielles à diriger le pays est totalement pitoyable et honteux. Vingt Sept candidats sont en lice pour participer au premier tour du scrutin présidentiel ; alors que vingt et un d’entre eux ne sont que des fantômes qui ne jouent aucune carte. Des six restants, deux ne seront que des figurants : Jean-Henry Céant de Renmen Ayiti et Edmonde Supplice Beauzile de Fusion. En fait, les Quatre finalistes et principaux favoris seront Jude Célestin de Lapeh ; Maryse Narcisse de Fanmi Lavalas ; Jovenel Moïse du PHTK et Moïse Jean Charles de Pitit Desalin.

En vérité, la division n’a jamais apporté aux masses populaires rien de concret sauf d’incommensurables malheurs et souffrances. Pitit Desalin et Fanmi Lavalas restent deux organisations de masses populaires qui n’ont pas de grandes différences fondamentales entre elles. Seules diffèrent les caractéristiques personnelles de leur leader respectif. Ils partagent le même électorat. Deux secteurs dans lesquels se reconnait la grande majorité du peuple haïtien. Malheureusement, la politique qu’ils mettent en œuvre n’est pas celle qui correspond aux intérêts des masses haïtiennes pour la transformation sociale de la société.

Il faut noter par ailleurs que, effectivement, le langage que tient Moise Jean-Charles lorsqu’il s’adresse aux masses est sans doute un langage de combat bien que désordonné, mais qui ne demeure pas sans conséquences, vu qu’il suscite des attentes. Ce qui attire nombre d’opportunistes à le rejoindre. Sauf que des favoris, il est l’unique candidat à ne pas avoir l’appui d’un ancien président. Quant à Maryse Narcisse, elle compte fermement sur l’apport charismatique et populaire de Jean-Bertrand Aristide pour l’aider à gravir les marches du Palais National.

Le Phtk et Lapeh ne sont pas des perdants au départ, malgré qu’ils soient deux partis invisibles qui n’existent que du fait même électoral. Leur point fort pour les puissances internationales, c’est qu’ils n’ont pas une grande représentation populaire capable de les inquiéter à outrance.

Le Phtk n’a pas le contrôle de l’appareil d’État, il est vrai ; mais cela ne peut pas l’empêcher, grâce aux influences des puissances tutrices, d’être imposé par la force et la raison d’État de façon à continuer la politique de mercenaires de la bande à Martelly, très appréciée par l’International réactionnaire puisque ce laquais a encouragé et patronné directement la plus corruptrice des formes de pouvoir et d’exploitation des masses haïtiennes.

Tout comme Jovenel Moise, le candidat Jude Célestin, malgré ses aventures sinon ses caprices de rébellion l’année dernière face aux puissances dominantes, n’a rien à craindre. Il est de leur sillage et elles peuvent sauver avec lui ce qui pourrait encore l’être pour barrer la route aux séductions populistes de Fanmi Lavalas et de Pitit Desalin.

Donc qu’on le veuille on non le peuple est déjà victime des illusions électoralistes, des promesses sans aucune sincérité des partis de droite qui n’ont aucune velléité de combattre les groupes économiques des classes dominantes ; si ce n’est que de collaborer avec elles. Fanmi Lavalas et Pitit Desalin peuvent bien être au pouvoir ; mais sans jamais en détenir vraiment les rênes, puisque les forces impériales sauront comment les neutraliser et n’accepteront jamais de bon gré de perdre leur privilège.

Ce n’est qu’en créant un vaste mouvement de masses organisé, uni et structuré allant au-delà de l’électoralisme, sous le leadership d’un parti révolutionnaire que nous pourrons véritablement prendre le pouvoir, vaincre les réactionnaires et ouvrir la voie à la transformation sociale de la société haïtienne.

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