Les mauvais coups des frères de classe

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Il est tout à fait évident qu’un mois après sa prise du pouvoir en complicité avec le Parlement et l’Exécutif, le président provisoire Jocelerme Privert commence à montrer son vrai visage qui ne diffère en rien de ce faciès politique de mesquinerie,  point fort de tous les politiciens de la classe politique.

La politique politicienne dans notre pays est faite d’intrigues, de mensonges, d’audace, d’embûches,  de coups bas et même d’assassinats.  Un projet politique de reconstruction nationale  n’est jamais le fil conducteur de ces messieurs et dames ; jamais leur boussole, mais bien des plans de combines, de complots ignobles pour satisfaire leurs propres intérêts au détriment de ceux de la nation en général et du peuple en particulier.

C’est le cas en ce moment même puisque la sonnette d’alarme ayant été tirée par Sauveur Pierre Etienne, du G8 et de l’OPL. Il accuse le président provisoire Jocelerme Privert de se livrer à des manœuvres dilatoires par rapport à l’accord du 5 février dont il a la responsabilité de le mettre en application.  Etienne dénonce aussi le fait par l’ancien président René Préval d’avoir pris le contrôle du Palais National et de vouloir en faire autant pour la Primature.

En effet, le premier coup bas de Privert est d’abord envers ses anciens collègues sénateurs. Il n’a pas respecté son mot d’honneur vis à vis d’eux, dixit Kenneth Merten à Miami Hérald « en nommant l’économiste Fritz Jean comme PM, alors qu’il s’était entendu avec eux pour nommer Youri Latortue comme président du Sénat et Jean Gardy Leblanc comme Premier ministre ». Son second coup est allé aux députés qu’il menace déjà d’une commission de vérification qui devrait –  si elle était vraiment mise en place –  vérifier sans aucun doute l’authenticité des élections-sélections du 9 aout et du 25 octobre 2016, puisqu’au départ de Martelly, il les avait assurés et rassurés les interpellant : « honorables parlementaires, seuls des élus peuvent vous remplacer ». Propos qui avaient suscité un torrent d’applaudissements au Parlement le 7 février 2016. Mais, c’était parce qu’il voulait leur vote.  Pawòl tafya aurait dit  Préval !

Son troisième coup, c’est son complot avec son père spirituel, son bienfaiteur René Préval en ne semblant pas disposé à faire le second tour des élections comme le demandent certains secteurs de l’opposition et la Communauté internationale,  mais plutôt à retourner à la case départ ; ce qui n’aurait pas été une mauvaise chose, car il n’y a eu aucune élection en 2015 ; mais quand le sadisme et le cynisme de Préval, se mêlent de la partie, on peut s’attendre à toute sorte de coups.

Déjà on entend crier au complot du côté même des alliés de Privert comme Fanmi Lavalas, Pitit Desalin et la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh). Drôle de coïncidence, ils ont les mêmes inquiétudes que le  PHTK de Martelly. Et c’est l’un des membres de la plateforme Pitit Dessalines qui a souligné que ce sont seulement trois  secteurs de la classe politique qui réclament présentement le second tour, à savoir Lapeh, PHTK et Pitit Desalin.  Jean Hector Anacacis l’a indiqué clairement en annonçant que Privert, sous  diktats,  ne ferait que passer le temps et rouler la population dans la farine. « Les gens qui sont dans l’entourage du président ne sont pas prêts pour organiser les élections dans l’immédiat » a t-il fait savoir.

Anacacis  est bien renseigné d’autant qu’il est du même sérail politique qu’eux ;  il sait tout ce que pourrait couver  ce renard patenté, intrigant qu’est l’ancien président René Préval.

C’est l’envers du décor puisque même Kenneth Merten est pris dans le suspense : « Je suis optimiste car je pense que les élections en Haïti pourront avoir lieu le 24 avril prochain. Les politiciens haïtiens doivent placer leur pays avant leur intérêt » a-t-il déclaré à Miami Herald

Même plus révélatrice  est l’exaspération mal dissimulée de Merten : « La situation en Haïti était beaucoup plus stable début février 2016, qu’elle ne l’est aujourd’hui », a-t-il déclaré.  Pour conclure  « Il faut qu’Haïti ait des élections. Tous les pays doivent passer par là. Le Tax Payer [contribuable] américain a dépensé 33 Millions de dollars pour que ces élections aient lieu dans le pays et elles doivent avoir lieu ». Calmez-vous M. Merten. Respirez  profondément. Détendez-vous, diantre !

Voilà comment ce fils de colon parle avec arrogance de notre politique et traite nos politiciens avec désinvolture. Mais, jamais, au grand jamais, pas un seul d’entre eux n’aura le culot de lui rendre la monnaie de sa pièce ; de  lui dire comme Dessalines déclarait au général anglais Nugent le 31 mai 1804 : « Nous ne sommes plus une colonie ». On n’a plus les couilles des hommes de Vertières…

Nous en voulons à ces politiciens, ces affairistes sans colonne vertébrale, sans conscience historique, sans valeur sociale ; en un mot ces antinationaux qui ne défendent rien que leurs propres affaires et qui se laissent marcher dessus et humilier. Maintenant, ils font tous silence, attendant la «manne verte » !

Nos politiciens sont des handicapés de la pensée, des infirmes politiques qui constituent le plus lourd  handicap à une marche et un développement dignes du pays. Ils sont tous disposés à préférer courber l’échine  au lieu de se souder au peuple dans toutes ses épreuves d’existence amère en vue d’entamer la vraie bataille contre les forces exploiteuses réactionnaires. Ils ne veulent prendre aucune position anti-impérialiste de façon à être toujours disponibles pour répondre présents à l’appel  de leurs patrons une fois que ces derniers auront besoin de leur service pour assurer la continuité et renforcer le pouvoir institutionnalisé de pillage des ressources du pays.

 

Berthony Dupont    Volume: 9 • No. 36 Du 16 au 22  mars 2016

           

 

           

 

 

 

 

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