Le TPS prolongé mais la menace demeure!

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Ce prolongement de six mois jusqu'au mois de Janvier 2018 n’enlève guère la menace de déportation de nos compatriotes, au contraire il la renforce

Comme on s’y attendait, la réponse du gouvernement fédéral des Etats-Unis concernant le Statut de protection temporaire (Tps), qui arrive à expiration le 22 juillet 2017 et le lundi 22 mai 2017, fut la date butoir pour déterminer le sort de près de ces 60 mille migrantes et migrants haïtiens. Enfin, l’administration du président Donald Trump vient de décider par la filière du département américain de la Sécurité intérieure (Homeland Security), l’organisme chargé de surveiller l’immigration légale aux États-Unis, une extension de six mois qui sera en vigueur à partir du 23 Juillet 2017, jusqu’au 28 janvier 2018.

Les immigrants haïtiens réclament un renouvellement entier du TPS

Ce prolongement n’enlève pas la menace de déportation de nos compatriotes, au contraire il la renforce comme l’indique clairement le secrétaire d’Etat de la Sécurité intérieure, John F. Kelly, suite aux discussions engagées avec les autorités haïtiennes. « Cette prolongation de six mois devrait permettre aux bénéficiaires haïtiens du TPS d’arranger leurs documents de voyage et de prendre d’autres dispositions nécessaires à leur départ final des États-Unis, et devrait également fournir au gouvernement haïtien le temps nécessaire pour se préparer au rapatriement futur de tous les bénéficiaires actuels du TPS »

C’est une injustice le renouvellement du TPS jusqu’à janvier 2018

En réalité, ce n’est pas un prolongement de 18 mois comme à l’accoutumée, mais bien une indication que ces ressortissants haïtiens vivant aux États-Unis aux dépens du TPS seraient bien et bel refoulés par le gouvernement de Donald Trump. Mais ce qui nous parait bizarre, c’est du fait que les Etats-Unis utilisent le gouvernement en place en Haïti, comme quoi quelque chose serait en train de changer ou de s’améliorer dans le pays. C’est dans cette optique que le secrétaire a souligné  « Je crois qu’il y a des indications en Haïti – si le pays continue de se reprendre à ce rythme après le séisme – ne devrait pas bénéficier d’une nouvelle extension du TPS après janvier 2018 ». Ce qui est totalement faux ; vu que ce régime de continuité à celui de Michel Martelly n’entreprend rien si ce n’est dans l’intérêt des classes dominantes alliées naturelles de l’impérialisme américain ; mais pourtant rien n’est et ne sera jamais mis en perspective pour les masses populaires.

Le secrétaire d’Etat de la Sécurité intérieure, John F. Kelly (à droite) et le président Donald Trump

A ce compte, les organisations haïtiennes tant en Haïti qu’à la diaspora doivent rester mobilisées pour continuer à exiger non seulement une extension normale mais la normalisation du statut de ces travailleurs et travailleuses à la résidence permanente. Beaucoup d’entre eux ont des enfants dans le pays ; vont-ils déporter une famille entière avec leurs enfants nés aux Etats-Unis ? Ce serait sans nul doute une photocopie de la loi raciste qu’on applique à la République dominicaine contre les immigrants haïtiens.

En solidarité avec les immigrants haïtiens, la Congressiste Yvette D. Clarke d’origine dénonce avec vigueur cette extension ; vu qu’elle est  inadéquate « Je suis profondément déçue par le refus du ‘Department of Homeland Security’ (DHS) de fournir une extension complète de 18 mois de ‘Temporary Protected Status (TPS)’ pour les ressortissants haïtiens vivant aux États-Unis. Une coalition bipartite au Congrès, ainsi que des militants des droits de l’homme et des membres éminents de la communauté internationale, s’était réunie pour soutenir une extension complète », a-t-elle fait savoir.

Pour signaler ensuite : « La situation en Haïti demeure précaire. Le rétablissement du pays, suite au séisme en 2010 a été gravement gênée par une épidémie de choléra et les destructions massives de l’ouragan Matthew, en octobre 2016, le plus dévastateur à avoir atteint Haïti en un demi-siècle.

 Le TPS fournit un soutien précieux pour le rétablissement, permettant aux ressortissants haïtiens d’ici, d’envoyer des fonds à leurs proches en Haïti. Ces envois de fonds sont essentiels à la reprise et à l’ensemble du budget du Gouvernement d’Haïti. En outre, obliger près de 60,000 personnes à retourner en Haïti imposerait un énorme fardeau aux maigres services sociaux et infrastructures disponibles localement.

La Congressiste Yvette D. Clarke

Je reste préoccupée par les récentes caractérisations inexactes, injustifiées et sans fondement des ressortissants haïtiens par l’administration Trump. Cette décision a été fondée sur des facteurs autres que les conditions en Haïti, le seul facteur qui aurait dû être considéré légalement.

J’invite vivement le DHS à réexaminer cette décision peu judicieuse et à collaborer avec le gouvernement d’Haïti pour élaborer un plan qui contribuera de manière significative à la reprise ».

Le gouvernement haïtien n’a pas officiellement réagi. Est-ce que cela signifie qu’il approuve totalement cette mesure ! Le président Jovenel Moise  au moins avait écrit à Donald Trump. Toutefois, le ministre des affaires étrangères et des cultes, Antonio Rodrigue accompagné de l’ambassadeur d’Haïti aux Etats Unis, Paul Altidor, ont rencontré l’administration américaine pour leur faire part des préoccupations du gouvernement haïtien quant aux conséquences que le non renouvellement de ce programme peut avoir sur le peuple haïtien qui traverse une situation économique extraordinairement difficile.

Le gouvernement devrait avoir le courage de souligner à ses patrons qu’il n’y aurait aucune différence entre Mai 2017 à Janvier 2018 et que les choses pourraient même empirer. De toute façon, ce prolongement de six mois du Statut de protection temporaire (TPS) n’a rien de concret ; sauf que de préparer l’opinion nationale et internationale afin que la menace de déportation s’amplifie davantage. Il est clair et certain que ce prétexte incontournable de la lutte de l’empire contre les travailleurs immigrants n’est autre que pour amadouer les citoyens américains de sorte qu’ils ne  mettent guère en cause la politique économique en agonie du gendarme du monde.

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