Le pire est à venir !

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A quelques semaines des élections présidentielles et législatives pour doter le pays de nouveaux dirigeants, tous les candidats sans exception ont fait montre d’une certaine fougue nationaliste, une apparence de démocratie qui n’illustre que leur dessein trop caché et inavoué bien cousu de fil blanc de façon à bafouer la dignité d’une nation et tromper tout bonnement les masses populaires.

Ces élections à venir ne seront pas une sanction de l’écrasante majorité populaire pour engager le pays dans une autre voie. Malheureusement, elles ne vont pas renforcer les conditions permettant la pleine réalisation des aspirations dont était porteur le soulèvement populaire de l’année dernière qui devait aboutir à l’empêchement d’un second tour  entre Jude et Jovenel. Cependant, ce  qui est à l’horizon est sombre. Il s’agissait en réalité d’une véritable machine de destruction et de déstabilisation, une manœuvre tendant à permettre à la réaction corruptrice de continuer son cours. La pilule amère que nous avons évitée d’avaler grâce à la mobilisation populaire pourrait nous revenir, cette fois beaucoup plus amère et offensante.

Tous les responsables politiques du pays sont amoureux de l’embourgeoisement et du luxe ; voilà pourquoi ils sont de connivence avec la bourgeoisie bureaucratique et compradore et les capitalistes étrangers. C’est ce qui explique pourquoi ils sont tous attelés au char des puissances impérialistes. Certains candidats sans scrupules arrivent même à annoncer publiquement qu’ils ont été invités à certaines ambassades dans l’espoir sans doute, O combien humiliant de gagner les faveurs du puissant ennemi dont la politique de répression sauvage et criminelle ne cesse d’entrainer la mort des peuples du monde.

Il est évident que  l’appareil d’État a changé de visage ; mais l’impérialisme et ses alliés ne renoncent jamais à leur objectif ; ce qui fait que le rapport de forces va leur permettre d’agir à leur guise, de rétablir le coup raté, puisqu’il contrôle plus que jamais le processus électoral. D’une façon générale, les griffes de l’empire sont déjà bel et bien enfoncées dans notre chair ; par ainsi nous laissant dans l’embarras de sorte que les laudateurs les plus aveugles qui n’ont pas questionné le rôle de la Minustah dans le processus en cours y compris le pouvoir de Privert n’auront pas d’autre choix que de légitimer le coup.

La situation est si tendue qu’aucun des candidats ne pense à investir sur la base d’un programme solide et nationaliste ; un projet qui ne laisserait dans l’ombre aucun aspect de la vie politique, économique, sociale et culturelle du pays en s’assurant par là du soutien actif et vigilant de l’immense majorité du peuple. A bien considérer les choses,  ces candidats ne semblent pas trop différents l’un de l’autre, le dernier débat électoral prouve qu’ils disent tous presque la même chose. Ils parlent  uniquement de la mauvaise ou  bonne gouvernance: un slogan des institutions exploiteuses internationales pour condamner les pays qu’elles appauvrissent. Aucun des candidats n’a été en mesure de remonter jusqu’aux sources des calamités dont souffre le pays, jusqu’à leur explication. Ils n’ont aucun plan de libération nationale ; c’est dire qu’ils ignorent que  la volonté de l’empire en tout temps ne vise qu’à renforcer son hégémonie dominante et exploitante du pays.

Cette stratégie trouve sa meilleure illustration dans l’actuel gouvernement provisoire de Privert-Jean Charles qui,  malgré certaines envolées appréciables, a montré qu’il n’est en rien différent de l’ancien régime. Depuis quelque temps, les indices se multiplient montrant qu’ils sont bien loin d’aller vers le mieux. Une  série d’événements a été fomentée qui témoignent à l’évidence de la faillite d’une politique hésitante et de demi-mesure que conduit ce pouvoir provisoire hétérogène.

Un cas typique de désintéressement et d’abandon est quand  les Nations unies reconnaissent après six ans leur implication dans la terrible épidémie de choléra qui a frappé notre pays engendrant près de 13 000 morts et plus de 100 000 victimes ; alors que l’Etat haïtien semble de concert avec les Nations-Unies de façon à barrer la route à tout projet de dédommagement des familles victimes sans exception. L’Etat haïtien  refuse jusqu’à maintenant aux compatriotes : certificat médical, acte de notoriété de témoignages affirmatifs ratifiés par un juge de paix de sorte que les victimes qui n’avaient pas eu la chance d’être hospitalisées puissent bénéficier de dédommagement éventuel, et même que des cartes d’identité nationale puissent être délivrées à celles qui sont encore souffrantes.

Dans une très grande mesure, la preuve est palpable que l’Etat haïtien n’agit pas en faveur de ses citoyens du fait qu’il ne prend aucune responsabilité ouverte non seulement pour dénoncer les forces occupantes des Nations-Unies, mais aussi pour accélérer le processus de dédommagement qui aurait permis d’atteindre plus de 40 milliards de dollars.  C’est un acte antinational entamé par le régime de Martelly et que poursuit Jocelerme Privert, et que l’on dirait même encouragé par les candidats à la présidence qui n’en ont également fait aucun cas dans leur discours. Reculer devant ce devoir, c’est ouvrir la voie à d’autres aventures désastreuses pour le pays.

A ce compte,  on est en droit de demander, pour qui vont travailler ces candidats à la  présidence provisoire ; quand les intérêts des masses souffrantes ne sont pas leurs priorités immédiates ! C’est dans cette optique, qu’il nous faut comprendre que les élections à venir  ne seront pas l’aube d’une ère nouvelle et le peuple ne doit pas se laisser distraire par les machinations de tout genre de l’impérialisme international et de ses laquais locaux car le pire est encore à venir.

 

 

 

 

 

 

 

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