« Haïti Top 10 Héritiers/ères Musicaux Modernes »

Numéro 1-Emelyne Michel

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1963
Emelyne Michel: Au comble du “dechoukaj” de 1986, elle apparut comme la voix du soleil levant, d’où la sortie de son premier album: “Douvanjou ka leve”.
Nous voici à l’ultime randonnée sonore des : “Top 10 Musicaux…” d’où sont sortis les bons grains de l’ivraie, pour faire triompher la qualité. Cette dernière tranche nous ramène aux acquéreurs d’aujourd’hui ayant pour mission de perpétuer de multiples genres culturels dans ce vivier inestimable qu’est la musique haïtienne. Lesquels ont su subsister grâce à la maestria des premiers “Élaborateurs…”, pour être ranimés par les “Rénovateurs…” qui y ont injecté leur créativité et singularité. Jusqu’aux “Héritiers…” actuels qui ont la tache herculéenne de les pérenniser en y contribuant leurs références modernes et modèles sans les épurer de leur authenticité. Actualiser avec ingéniosité. Cependant le ‘’jury de circonstance’’ a su bien tirer son épingle du jeu pour déblayer l’échiquier tonal et dénicher 19 conquérants des 10 attributaires modernes parmi cette pléthore de talents que représente la musique haïtienne de nos jours.

Numéro 1-Emelyne Michel (Gonaives,*?)

« La voix, Cheffe de file contemporaine »

Comme Lumane, elle nous vient des Gonaïves. Dans cette zone venteuse, tumultueuse, gravée d’histoires. Après avoir mis à nu ses atouts musicaux à la chorale paroissiale, Ansy et Yole Dérose la révèlent pour la première fois au grand public au Stade Sylvio Cator devant 20.000 personnes en 1984, pour la commémoration de “l’année internationale de la Jeunesse”. Au comble du “dechoukaj” de 1986, elle apparut comme la voix du soleil levant, d’où la sortie de son premier album: “Douvanjou ka leve”. C’est ainsi qu’elle apprit à affermir cette voix agrémentée de musicalité naturelle, d’un registre imperméable capable d’alterner du grave à l’aigu. C’est au comble de ses ressources personnelles qu’elle fut propulsée sous les feux de la rampe.. Son deuxième album: “Emelyne 2”, confirmait ce talent qui mit en évidence cette voix imbibée d’une chaleur presque matérielle dans une forme originale de soul créole. Puis vinrent les tours et détours, et quelques tubes qui la maintinrent comme la sensation de l’heure. Mais aussi, les tentations extra-musicales, et, le mégat-hit Flanm qui l’intronisèrent à la conquête du public nippon et autres percées extérieures, pour se muer à la fois, en femme fatale, femelle flammèche, dame flamme et sexe symbole.

Son troisième album: “A.K.I.K.O” (Pa gen manti nan sa), marqua un peu le pas, et au moment d’entamer un retour, c’est l’exil volontaire au Canada après le coup d’Etat de septembre 1991. Là-bas, son étoile rayonna avec la sortie de: “Rhum et Flamme”, sa quatrième production marquée de hip- hop et autres randonnées exotiques lui valent l’appréciation du public canadien. Entre son cinquième CD: “Banm Pase”, elle connut des tas de transformations et d’aventures comme les appâts de la Sony qui freinent sa trajectoire. Perdant un peu le nord, elle vint s’installer à New York. Promue à une carrière à l’américaine qui a du mal à se concrétiser, la femme-flamme devint cocktail explosif, et sembla être en conflits permanents avec elle même. Mais pour peu qu’elle renouât avec ses racines et que ressurgissaient ses vibrations à fleur de peau, Emelyne revint étincelante dans: “Cordes et Ames”, une œuvre de facture qui la sortit de l’ornière de la stagnation. Car lorsqu’on est aussi pétrie d’atouts à la EMELYNE, il suffit de se frapper le cœur pour que  se manifeste la clarté. Notamment, en maitrisant l’art lyrique, le don à la composition et le pouvoir de la production.

Autant de paliers engrangés pour reconquérir sa voie, captiver les amants de la musique, et, pour la gratification d’une voix en plus rédemptrice et expressivement colorée de phonèmes et d’éloquence. Avec aussi un timbre aspergé de richesse et d’intensité, quand elle ne vogue pas à travers des tics interprétatifs. Des qualités qui font d’elle la diva populaire. Entre les œuvres : ’’Rasin Kreyòl’’, à travers laquelle, elle s’est faite tant de perspectives, entre ses racines et la musique rasin. De même que : ’’Reine de cœur’’, et la plus récente ’’Quintessence’’ dans laquelle elle ne laisse plus de doute, s’il y en avait. Qu’elle est la vraie disséminatrice contemporaine de la chanson populaire haïtienne. Dont elle est la représentante à travers le monde. De plus, son registre s’est étoffé et son aura demeure intacte, tout en projetant un univers qui fait fi de la hiérarchie stylistique, entre une approche vocale marquée d’un scat libertaire, exultant d’extase. Tout en continuant à rehausser son standard dans des représentations exquises de la culture haïtienne dont elle se garde d’être le porte-étendard dans les grandes villes du monde, les grands festivals internationaux, dont les Francofolies de Montréal, dont elle est une tête d’affiche, dans  les célèbres temples musicaux d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Afrique. Et plus récemment à la Maison Blanche de Barack Obama. Les salles modestes haïtiennes autant que les activités obscures ne sont pas délaissées. Car elle ne veut être en reste avec personne. A ce tournant, elle est à plus d’une croisée des chemins, à plus d’une intersection mais, sur un pinacle vers lequel tant de routes convergent.

*Déjà apparue dans :’’Top 10 Voix Féminines’’

 

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