Aux côtés du peuple haïtien pour une année 2018 de lutte continue, de mobilisation et de plus grands espoirs

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L’année 2017 s’achève et notre mémoire se souvient que depuis le parricide de 1806 le peuple haïtien poursuit inlassablement son combat pour atteindre le plein épanouissement  de sa dignité et de sa souveraineté. Au lendemain de l’indépendance, l’architecte de l’historique percée antiesclavagiste à Vertières, voulait que la terre revienne à ces va-nu-pieds qui avaient mené leur guerre héroïque contre l’oppresseur colonialiste. L’assassinat de Jean-Jacques Dessalines, le 17 octobre 1806, coupa court à cet espoir des masses haïtiennes. En lieu et place de terres auxquelles elles avaient droit, les classes possédantes confinèrent la majorité paysanne au «pays en dehors». Après plus de deux siècles de combat et de résistance à l’oppression, avec ses flux et reflux, le peuple haïtien n’a pas encore retrouvé son angle de repos.

Il poursuit inlassablement son combat et sa résistance. Il en a l’habitude et le courage, depuis le mouvement paysan revendicateur des Piquets dirigé par Goman et Acaau, l’horrible massacre de Marchaterre, la glorieuse guérilla nationaliste de Péralte et de Batraville, la révolte libertaire de 1946 sous l’impulsion d’une avant-garde intellectuelle ardemment militante, le flux contestataire croissant des masses accompagnées par une intelligentsia consciente des enjeux démocratiques et qui aboutit à la chute de la dictature duvaliéro-jean-claudiste, les vigoureuses démarches militantes de l’après -7 février 1986 pour l’instauration d’une vraie démocratie, la victoire populaire du 16 décembre 1990, jusqu’aux fréquentes manifestations de rue de ces dernières années contre la présence des forces d’occupation, contre la faim, contre un régime imposé par les Clinton, contre la volonté sournoise du pouvoir de vendre l’honneur national et les ressources du pays au plus offrant et dernier enchérisseur.

Le combat continue contre les nouveaux maîtres qui ont repris sans gêne aucune les pratiques d’exclusion et de répression des masses travailleuses, comme au temps de la colonie.

Le combat continue contre les nouveaux maîtres: les grands dons ou les grands propriétaires terriens, la bourgeoisie commerçante, l’appareil répressif d’État, les politiciens sans pudeur qui ont trafiqué la volonté populaire. La lutte continue malgré ses reflux, malgré les trahisons de secteurs qui se disaient anti-impérialistes et péraltistes, malgré les disparitions de jeunes militants dans l’après-7 février 1986, malgré le massacre de la ruelle Vaillant, malgré la collusion des clergés avec un pouvoir conduit par un chanteur de carnaval obscène et parachuté par l’impérialisme, malgré des ruptures fracassantes et déroutantes entre «frères» d’une certaine «famille».

Le combat continue contre les nouveaux maîtres qui ont repris sans gêne aucune les pratiques d’exclusion et de répression des masses travailleuses, comme au temps de la colonie. Le combat continue malgré les chirepit entre les fractions des classes exploiteuses affublées de slogans démagogiques : «le pouvoir aux plus capables» et «le pouvoir au plus grand nombre». Au demeurant, elles ont toujours aspiré à concentrer entre leurs mains le pouvoir économique et le pouvoir politique. Incapables de se rallier autour d’un projet national, nationaliste, porté par une plate-forme dotée d’un minimum d’idées progressistes, elles ont préféré s’étriper dans une tentative constamment renouvelée d’hégémonie totale.

Le combat continue contre les nouveaux maîtres: les grands propriétaires terrains, les gros bourgeois, les éléments d’une petite bourgeoisie éduquée mais politiquement arriérée, quelques intellectuels dépravés, les descendants politiques des Conzé, les hiérarchies catholique et protestante qui ont pactisé avec l’occupant yankee jusqu’au moment où frustrés de voir leurs intérêts immédiats affectés, humiliés par des Blancs racistes qui les tenaient tous pour des nègres avec un vernis d’appartenance francophone de façade, ils ont profité de la résistance armée déclenchée dans le milieu paysan et par les paysans, de la grande grève des étudiants de Damiens, du militantisme communiste d’un Jacques Roumain et de l’action militante de quelques intellectuels progressistes, tous blessés par la honte de l’occupation pour manifester leur indignation et leur ras-le-bol et réclamer le départ des «Blancs».

Le combat continue contre les accapareurs de pouvoir qui ont siphonné et détourné les fonds PetroCaribe à leur avantage personnel, contre des renégats et des transfuges qui ont rejoint, toute fierté «progressiste» bue, les rangs des serviteurs de l’impérialisme «genoux ployés devant le dieu-papier à l’effigie de Washington», contre des pouvoirs corrompus, contre un chef d’État inculpé et jouant au grand fonctionnaire honnête. Il continue, pour que l’on ne nous trompe plus avec des programmes-miroirs aux alouettes genre «5E», «Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO), «Ti Manman chéri», «Caravane du changement» et autres, autant de distractions pour détourner les revendications populaires, d’autant que les types ne sont nullement concernés, «se manje [y] ap manje».

Le combat continue contre les assoiffés d’hégémonie politique, de pouvoir octroyé par le «Blanc» via ses relais-fantoches noirs au pays. La lutte continue pour que la vie ne reste plus un calvaire pour l’Haïtien, pour que le pain de l’existence «n’ait plus sur ses lèvres un goût de fond de mer et d’aloès», pour que le jour ne ressemble plus à la nuit, pour que des compagnies canadiennes et américaines ne viennent plus piller nos ressources minières, pour que l’étranger ne vienne plus voler la force de travail des paysans condamnés soit à l’exode intérieur vers les usines d’assemblage, soit à l’exil presque obligé dans les bateys dominicains, et pour que enfin les vivres soient partagés équitablement autour de la grande table nationale.

Au peuple haïtien, à la force d’âme indomptable, nous souhaitons, au nom du journal, une nouvelle année de plus grand courage pour continuer son combat, une plus vigoureuse action de masse bien concertée pour écarteler les ténèbres de l’injustice, d’une occupation déguisée et de l’oppression qui l’enferment dans un ghetto de malheur. Nous lui souhaitons toute la persévérance dont nous la savons capable pour enfin voir avancer avec succès son combat pour une société plus juste, pour un avenir meilleur, pour une autre Haïti qui nous soit chè mèt, chè mètrès.

Tous aux côtés du peuple haïtien pour une année 2018 de lutte continue, de mobilisation et de plus grands espoirs!

23 décembre 2017

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